Wassil Debbiche, paré au décollage

4 avril 2024

L’entraîneur de 38 ans quittera Signal Bernex au terme de la saison. Portrait d’un amoureux de foot, acharné de travail, qui rêve d’avoir sa chance plus haut.

Le site Transfermarkt est une mine d’or pour tous les passionnés de ballon rond. Cet outil aussi fiable qu’indispensable pour s’informer déroge toutefois à la règle en ce qui concerne le cas de Wassil Debbiche, entraîneur de la première équipe de Signal Bernex depuis l’automne 2019. Ce ne sont en effet pas nonante, mais bien plus de matchs que le coach franco-marocain a dirigé depuis ses débuts sur le banc bernésien. Sans compter les heures passées à revoir et analyser dans le détail les performances de son équipe. “Chaque match, je le regarde neuf fois”, assure Wassil Debbiche. Voilà qui donne une première idée du personnage.

Prendre son envol

Avant d’entrer dans l’intimité de ce féru de ballon rond toutefois, démarrons par la nouvelle, officielle depuis quelques jours. À partir de la saison 2024-2025, Signal Bernex devra se trouver un nouvel homme fort. Wassil Debbiche a annoncé à son comité et à son groupe qu’il ne poursuivra pas l’aventure en Jaune et Noir.

Salarié du club bernésien, le technicien de 38 ans consacre sa vie au football et n’a jamais caché son désir de pouvoir entraîner plus haut. Le 13 juin prochain marquera dans ce sens-là un tournant dans la carrière de Wassil Debbiche, qui devrait, si tout se passe bien, décrocher le tant convoité diplôme A. Le moment idéal pour quitter un club aux moyens malgré tout limités, qui lui a pourtant tant apporté, et pour lancer pour de bon sa carrière d’entraîneur.

Grandir et faire grandir

“Je ne saurais pas par où commencer, avoue Wassil Debbiche. Mon aventure ici à Bernex a été extraordinaire et je serai éternellement reconnaissant aux dirigeants du club pour la confiance qui m’a été accordée. Je suis arrivé sans le moindre diplôme suisse, mais on m’a laissé du temps pour me développer et travailler”. Une patience récompensée ne serait-ce qu’au niveau des résultats sportifs de la première équipe.

Habitué à se battre pour sa survie en 2ème ligue inter, Signal Bernex s’apprête à boucler une nouvelle saison en tant que deuxième meilleur Genevois, possiblement à nouveau dans le Top-5. “Avoir repris l’équipe dans un moment de difficulté et avoir réussi à la pérenniser dans cette ligue est une grande fierté”, avoue celui qui avait été l’assistant de Kamel Boudjellaba, puis de Foued Kahlaoui, avant de passer entraîneur principal.

Cinquième la saison dernière, Signal Bernex est bien parti pour faire au moins tout aussi bien.

Adaptation permanente

Accomplir cela dans un contexte comme celui de Signal Bernex, où la rotation d’effectif est devenue monnaie courante, est d’autant plus louable. Pendant ces cinq ans, Wassil Debbiche n’a cessé de voir des joueurs faire et défaire leurs valises, mais a malgré tout quasi constamment réussi à garder son équipe compétitive. “M’être adapté à cet environnement a constitué un grand challenge et m’a beaucoup fait grandir. Cela m’a permis d’évoluer et de mûrir en tant que coach. Toutes ces années à Bernex ont été un peu comme un laboratoire finalement”. 

Une chose qui caractérise le management de Wassil Debbiche n’a jamais changé au fil des années : “Ma méthodologie, c’est l’intensité”, indique celui qui chronomètre le moindre temps de repos à l’entraînement. “Comme entraîneur, nous sommes dépendants des joueurs, poursuit Wassil Debbiche. Un joueur a besoin de franchise de la part de son entraîneur : il doit savoir ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Il faut s’efforcer d’offrir un service de qualité quel que soit le niveau auquel tu évolues, sinon, tu ne peux rien prétendre, surtout pas d’aller entraîner plus haut. Aujourd’hui, on a des joueurs dans l’équipe qui font plus de 100 kilomètres de voiture aller-retour pour venir à l’entraînement, et qui n’en ratent pas un. C’est une fierté”.   

Noé Messin fait partie des joueurs passés par Bernex (saison 21-22) qui évoluent désormais à l’échelon supérieur.

Des kilomètres, l’entraîneur bernésien en a lui aussi accumulés depuis son arrivée en Suisse. “Ma passion pour le football est débordante. Pendant ces années, j’ai assisté à tous les entraînements qui se font à Genève, parfois en cachette. C’était essentiel pour moi de voir les différentes méthodologies et les manières de faire des entraîneurs de la région”. Ses coups de cœur ? “J’aime ce que fait Adrian Ursea à Etoile Carouge, ça me parle beaucoup. Par rapport aux équipes affrontées, j’ai toujours aimé jouer contre le CS Italien de Maxime Antonilli (aujourd’hui entraîneur-assistant au FC Saint-Gall, ndlr). C’était toujours des rencontres géniales à préparer et à jouer”. 

S’accrocher à un rêve

Celui qui a encore une douzaine de matchs à vivre à la tête des Jaune et Noir avant de faire ses adieux a tenu à saluer son staff, qui l’a accompagné pendant ces saisons : “Oscar Acosta, Julien Ducrest, Victor Gomez Lobo, Gaëtan N’dong… Ils m’ont tous énormément apporté dans la vie de tous les jours, au-delà du football”.

La relation que le franco-algérien entretient avec son assistant Oscar Acosta a à elle seule quelque chose d’unique. “J’allais partir en Argentine pour un voyage consacré au football, et on m’a mis en contact avec Oscar. Ça a été une expérience inexplicable. Pendant 6 semaines, 20 heures sur 24 étaient consacrées au football. Grâce à Oscar, j’ai pu découvrir des clubs de football et des personnalités du football argentin dans leur intimité. C’est un voyage qui m’a transformé. À notre retour, il est devenu mon assistant. Oscar est une personne exceptionnelle et un exemple d’humilité. Ça a été une chance de l’avoir à mes côtés tout ce temps”. 

Le binôme sera-t-il reconduit lors de la prochaine aventure de Wassil Debbiche ? Impossible de l’affirmer à l’instant T. À titre personnel, le souhait de Wassil Debbiche serait de “rester en Suisse et de pouvoir prendre les rênes d’une équipe ambitieuse, qu’il s’agisse d’actifs ou d’une académie”. Les prochains mois nous diront si le souhait de l’entraîneur qui fêtera ses 39 ans en août, et qui assure ne s’être encore mis d’accord avec aucun club de la région, sera exaucé.

L’entraîneur Bernésien est prêt pour un nouveau défi. (Photo : Antoine Andreani)

 

BY  ON 2ÈME INTERINTERVIEWS/PORTRAITS

Photo de couverture : Antoine Andreani

 

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